Chronique
Titre : Saltimbanques
Auteur : François Pieretti
Maison d’édition : Viviane Hamy
Date de parution : 17/01/2019
Prix chez l’éditeur : 18.00 €
Nombre de pages : 232
Nombre de tomes : 1
Résumé
» Plusieurs années auparavant, j’avais suivi mon père sur un long trajet, vers Clermont-Ferrand. Parfois il me laissait tenir le volant sur les quatre voies vides du Sud-Ouest, de longs parcours, la lande entrecoupée seulement de scieries et de garages désolés, au loin. Je conduisais de la main gauche, ma mère ne savait pas que j’étais monté devant. C’était irresponsable de sa part, mais la transgression alliée à l’excitation de la route me donnait l’impression d’être adulte, pour quelques kilomètres. Mon père en profitait pour se rouler de fines cigarettes qu’il tenait entre le pouce, l’index et le majeur. Sa langue passait deux fois sur la mince bande de colle. Il venait d’une génération qui ne s’arrêtait pas toutes les deux heures pour faire des pauses et voyageait souvent de nuit. J’avais un jour vu le comparatif d’un crash-test entre deux voitures, l’une datant des années quatre-vingt-dix et l’autre actuelle. Mon frère et sa vieille Renault n’avaient eu aucune chance. «
Son avis
Gabriel s’est tué au volant, un soir de fête. Suite au décès de son petit frère, Nathan retrouve la maison familiale qu’il avait fuie pour s’éloigner d’un père autoritaire. Il y découvre des parents en lambeaux. Lui-même désemparé, il essaie de reconstituer l’image de ce frère qu’il a abandonné aux portes de l’adolescence. Il va alors se rapprocher des amis de Gabriel, les saltimbanques du titre, puis s’immiscer dans le vide laissé par la disparition du jeune homme et troubler leur chagrin.
Et si, à l’évidence, le deuil tient une place centrale dans le roman de François Pieretti, le désœuvrement du personnage, sa solitude prégnante ressortent de plus en plus nettement au fil des pages. Son insistance à marcher dans les pas de son frère provoque le malaise du lecteur, jusqu’à ce que l’on comprenne qu’à travers lui, c’est sa propre identité, qu’il questionne. Peut alors commencer le lent cheminement de la rédemption.
Plus largement le romancier ausculte avec acuité le mal-être d’une jeunesse en perte de repères.
Un roman à ce point introspectif exige une précision chirurgicale, et si l’on regrette parfois une touche de pathos, la subtilité est bien au rendez-vous. Et les émotions imparables. J’ai par exemple beaucoup aimé ces saltimbanques évoluant au crépuscule de l’insouciance.
L’écriture est au diapason, précise et sans emphase, et s’appuie sur un scénario bien ficelé. De la qualité, donc.
À défaut d’être une lecture de plage, c’est une lecture que je vous conseille et ce n’est pas plus mal. Rêvez, foncez, lisez !
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